Autruche un jour....
Je ne sais plus si je vous en ai parlé mais pour clore notre année de formation nous devions rédiger un écrit réflexif sur ce que nous avait apporté cette année, et les points qui selon nous restaient notre talon d’Achille et sur lesquels nous aurions à travailler durant les prochains mois (années ?).
En ce qui me concernait l’anglais venait évidemment en tête des connaissances que je ne maîtrise pas encore suffisamment pour pouvoir l’enseigner correctement mais si il n’y avait eu que ça !!! Le problème fondamental ne se situait évidemment pas en terme de connaissance mais plutôt en terme de compétence professionnelle et là je me suis rendue compte qu’il y avait une qui m’échappait complètement. Je vous la cite : Travailler en équipe et coopérer avec les parents et les partenaires de l’école. ».
En effet, mon positionnement, vis-à-vis des parents notamment, me pose véritablement un problème. Je ne me sens pas encore suffisamment sûr de moi, sûr de ce que je fais pour être tout à fait à l’aise face aux parents d’élèves.
A titre d'exemple je vais vous raconter une petite anecdote: durant mon dernier stage en CE1/CE2, j’ai eu à punir deux des élèves de ma classe qui s’étaient réciproquement insultées. Le lendemain soir, la mère et le beau père de l’une d’elles viennent me voir pour me dire qu’ils avaient « mené leur enquête » et que ça n’était (évidemment!) pas leur fille qui avait commencé mais sa camarade. Alors que dans ma tête je suis totalement en accord avec la sanction que j’ai donné, que peu m’importe de savoir qui a commencé dans la mesure où elles ont toutes les deux proféré des insultes, je me suis entendue presque m’excuser de ne pas avoir pris le temps moi aussi de « mener l’enquête ». Mais quelle grosse naze!!!!
Ce problème de « légitimité » est réellement handicapant car du coup toute forme de rencontre avec les parents devient source d’angoisse pour moi. Je me cache presque lorsque je raccompagne mes élèves à la porte, j’évite d’organiser des sorties scolaires nécessitant la présence de parents accompagnateurs et surtout je ne convoque jamais les parents d’élève !
Je sais à quel point tout cela est stupide et manque totalement de professionnalisme, je sais que si cette année je réussissais à me cacher derrière le fait que je n’étais là que pour 3 semaines ou qu’une journée par semaine ça ne sera plus le cas d’ici peu, je sais qu’il faut absolument que je me sente plus sûr de moi mais je n’y arrive pas !
Pourtant je me sens incroyablement bien dans ma classe, je me sens à ma place mais pas forcement à la hauteur.
Ce qui est d’autant plus angoissant c’est que je sais que je ne couperai pas aux critiques et aux jugements des parents, c’est presque leur boulot aux parents de vérifier que l’enseignant de leur enfant n’est pas totalement incompétent ! Et je ne sais pas si j’arriverai à gérer ça.
Avouez quand même que ce serait totalement ridicule que la maîtresse se mette à pleurer sous prétexte qu’un parent peu sympathique remette en cause ses méthodes de travail ou ses compétences non ?
Du coup j’essaye de me forcer un peu en organisant une sortie avec mes élèves à la fin de l’année. Mais je ne vous dit pas comme ça me stress. Déjà la sortie en elle-même bien sûr : et si j’avais un problème et que je ne sache pas le régler ? Et si je perdais un enfant ? Et si j’oubliais quelque chose ? Mais en réalité tout cela je m’en moquerai presque (sauf en perdre un quand même !) si je n’avais pas à le subir face aux parents accompagnateurs ! Parce que c’est ça le hic, on en revient toujours au même point : que vont-ils bien pouvoir penser de moi ?
En réalité j’ai toujours cette impression d’illégitimité, parce que ce concours je ne le méritai pas, parce que je ne suis pas à la hauteur, parce que ce n’est que moi ! Et du coup je vis en permanence dans l’angoisse d’être démasquée.
J’allais vous dire qu’au moins je n’avais pas ce sentiment quand j’étais surveillante ou secrétaire de mairie mais en réalité c’est faux, ce même sentiment me parcourait, toujours, et chaque fois qu’on m’a fait un compliment, qu’on a pu me dire que j’étais une super surveillante ou un bon professeur, une petite voix me dit « ouf il n’a rien vu ! ».
Bien sûr j’essaye de me raisonner, cette année en particulier, je me dis que quand même j’ai été inspectée une bonne dizaine de fois par 4 personnes différentes, des professionnels dont c’est le boulot et que si ils me disent que c’est très bien, c’est certainement que c’est très bien. Si je n’ai pas confiance en moi je devrais au moins avoir confiance en eux, en leurs jugements.
Lorsque j’ai expliqué tout ça (enfin pas tout, je ne me suis pas autant étendue quand même, il manquait le canapé !) au jury face auquel je devais soutenir mon écrit vendredi matin, ils se sont demandé de quelle façon l’IUFM pouvait me venir en aide. Ils n’ont rien trouvé, juste espéré que le temps se chargerait de me donner la confiance nécessaire.
Vous croyez que c’est possible, que ça peut fonctionner ? Vous croyez que je vais me réveiller un matin et que tout ça ce sera fini ?
Je veux trouver des solutions, je veux que ça s’arrange parce que c’est un pan énorme de mon boulot ces relations avec les parents et que je dois absolument apprendre à gérer ça ! Alors surtout si vous avez des idées, n’hésitez pas, allez y, je suis preneuse mais une chose est sûr : il faut que ça cesse !!!
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